Le Dalhia Paul Belouino (1812 - 1876)

Beau dalhia, je vous admire ;
Que vous êtes bien tuyauté !
Ah ! de la forme, il faut le dire,
Vous possédez la royauté.
Vous avez une collerette
Qui ne fait pas le moindre pli,
Elle est d’une raideur parfaite:
Mon cher, vous êtes très-joli!
En vous voyant, je me figure
Que tous les matins un coiffeur,
Par son art aidant la nature,
Se distingue en votre faveur.
Tous les jours, celui qui me rase.
Accommode de jeunes sots,
Devant qui seront en extase
Petites dames et badauds.
Voici comment on utilise
Ces messieurs dans les magasins ;
Ils font briller la marchandise,
En qualité de mannequins.
Vous embellissez le parterre,
Vous savez vous en prévaloir,
Et j’en conviens, vous devez plaire
A ceux qui ne veulent que voir.
Je veux, dans la fleur que j’achète,
Le parfum : vous ne sentez rien.
En regardant votre toilette,
Beau dandy, je m’en doutais bien.