L'Envieux et la Pluie Joseph Poisle-Desgranges (1823 - 1879)

Il existe des mécontents
Qui de se plaindre ont l'habitude.
Ils voudraient à leur gré guider le cours du temps,
El, l'accusant sans cesse, ils n'ont pas d'autre élude.
L'un d'eux, dans son jardin, regardait tomber l'eau,
Et s'écriait : Le beau cadeau !
Passe, du moins, si do la nue
La pluie en gouttes d'or descendait sous mes yeux,
A peine achevait-il que l'or tombe des cieux.
A l'aspect du métal qui viril frapper, sa vue,
Notre homme y crut, surtout quand il l'eut dans la main.
Mais, bientôt fatigué de faire du chemin
Pour ramasser dans l'herbe une aussi faible graine,
Voilà mon insensé qui regrette sa peine
Et forme encor d'imprudents vœux,
Disant qu'il pourrait être heureux
Si le ciel redoublait de zèle,
Lors le ciel s*obscurcit, il en sort de la grêle
Qui, cette fois,
Fut d'un tel poids,
Que l'envieux périt sous elle.

Mortels, quand mettrez-vous un terme à vos souhaits ?
Attendrez-vous, hélas ! que le destin vous frappe ?
L'avenir vous séduit, le présent vous échappe,
Et Dieu répand pour vous d'inutiles bienfaits.

Livre II, fable 18




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