La Pendule Louis Berlot-Chapuis (1823 - ?)

Sur un marbre royal posait une pendule,
D'un mécanisme sans pareil,
Dont l'aiguille marquait la marche du soleil.
Mais avait-elle un timbre somnambule ?...
Car bien souvent le bruyant étourdi,
Qui du temps jalonné sonnait les intervalles,
Vibrait, aux heures matinales,
Les sonores coups de midi.
On eût dit qu'une humeur lutine,
Dans les accès d'une fièvre intestine,
Jouait et s'agitait au sein du mouvement ;
Ou qu'un ressort taquin détraquait méchamment
La discordante sonnerie.
Nonobstant cette espièglerie,
Qui dérangeait le palpitant airain,
Toujours les deux flèches dorées
Suivaient à pas comptés leur fidèle chemin,
Et fixaient sur l'émail les heures égarées,
Dans un ordre certain.

Inconséquence de la vie
De plus d'un mortel ici-bas !
Dont la bonne conduite, hélas !
Par la parole est démentie.

Regardez-les agir, s'il vous en prend envie,
Mais, croyez-moi, ne les écoutez pas.