Le Sorcier Paul Belouino (1812 - 1876)

« Papa, j’arrive du village,
Disait Robert, en rentrant au château.
Je viens de voir un personnage,
Qui sait trouver sous terre où coule l’eau
On dit qu’il a grande puissance.
Au village on le croit sorcier
C’est un morceau de coudrier,
Qui lui procure sa science,
Thomas le jardinier, à mi-côte, là-bas,
A, presque à fleur de sol, pu trouver la fontaine
Qui double son avoir. La chose est bien certaine.
Cet homme avait montré l’endroit juste à Thomas.
— Eh! bien, allons-y voir, cher enfant, dit le père.
Nous y voici rendus. Tiens, Robert, vois-tu, là,
Au-dessous de ce puits, cette bande de terre
Qui descend du coteau? Jusqu’au bas suivons-la :
C’est un long banc de glaise.
En creusant au-dessus, on trouve toujours l’eau,
Au moins dix fois sur seize.
Au-dessus de ce banc, tout le long du coteau,
Vois cette zone de verdure,
Remarque comme tout vient mieux là qu’au-dessous.
C’est encore une marque sûre
Que l’eau n’est pas bien loin. Maintenant baissons-nous :
Voilà du trèfle d’eau, des menthes,
Je puis t’affirmer que jamais
Tu ne rencontreras ces plantes
Que près de l’eau, dans des lieux frais.
Vois-tu cette grenouille ?
Sa présence ici
Nous indique aussi
L'endroit qu’il faut qu’on fouille
Afin de trouver l’eau : ton prétendu sorcier
Avait vu tout cela, mais il préfère dire
Qu’il est un grand devin, grâce à son coudrier.
Quand on sait, mon ami, tous les sorciers font rire. »