La Vengeance d'un Caniche Auguste Fisch (1814 - 1881)

Un jour je vis passer, étant à la fenêtre,
Un pauvre chien d'aveugle ; il conduisait son maître,
Et marchait gravement penché sur son collier,
Comme un brave animal qui sait bien son métier.
Chacun en le voyant disait : La bonne bête !
Comme avec conscience elle fait son devoir,
Comme elle tire bien ! C'est plaisir de la voir
Trotter sans détourner un seul moment la tête !
Tout à coup j'entendis un sourd gémissement;
Qu'est ceci? m'écriai-je... Avec étonnement
J'aperçus le vieillard frappant avec colère
De son bâton noueux l'animal débonnaire ;
Son crime était de s'être un instant oublié,
Et pour ce seul motif il frappait sans pitié.
Et je dis à part moi : L'ingrat, le misérable!
Battre un chien si fidèle, oh! c'est abominable!
Pour moi, si j'étais chien, sur un maître si dur
Je sauterais bien vite, et le mordrais pour sûr!
Bravo ! Je suis content ! Le voilà qui s'élance,
Le mord...
Il le lécha, ce fut là sa vengeance !



Fable 8

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