Un épervier, sous sa serre, avait pris
Une malheureuse perdrix,
Et lui disait : « Je te tiens, ma petite,
Nous, en finirons au plus vite :
Toutefois, raisonnons un peu ;
J’ai faim, tu dois mourir, il faut donc t’y résoudre. »
Cependant un chasseur qui l’aperçoit fait feu,
Et, plus rapide que la foudre,
Du fusil le plomb meurtrier
Étend mort l’oiseau carnassier.
La perdrix n’était qu’étourdie ;
Le chasseur la saisit : pour lui donner la vie
Sans doute !.. De sa part c’eût été généreux,
Et pour la perdrix fort heureux.
Mais l’homme ne sait pas ainsi lâcher sa proie !..
Déjà vous en êtes instruits,
Par les dix ans de la guerre de Troie.
Et mille faits passés depuis !!
Le chasseur donc la met en gibecière
Et l’emporte pour ses enfants.
Ils en font jeu deux jours durants ;
Après on lui fit son affaire,
Tout en disant : » Pourquoi la ferait-on souffrir ?
Quel chagrin, de la voir maigrir !
Elle est encor bonne à rôtir… »
À la perdrix qu’importait-il, en somme,
Qui la mangeât, l’épervier, le chasseur ?
C’était toujours même malheur.
De l’épervier à l’homme Notre pauvrette alla :
C’était tomber de Charybde en Scylla !