Douze béliers rangés en ligne
A coups de tête combattaient.
Ils avançaient, puis reculaient ;
De leurs combats c’est la consigne.
Leurs fronts étaient retentissants
Des coups portés en leur vaillance.
Comme l’on vit jadis, sur les murs menaçants,
Les machines de guerre ayant leur ressemblance
Frapper des coups précipités,
Ainsi nos béliers transportés
Épouvantaient et l’oreille et la vue
D’animaux assemblés pour connaître l’issue
D’un aussi funeste combat.
Leur sang coule à grands flots, leurs cornes sont brisées !..
Vit-on jamais un plus affreux débat !..
Mais pourquoi tant de coups, tant d’attaques croisées ?
Un brin d’herbe, l’entêtement,
Que sais-je, une légère cause
Produisit cet événement !…
Chez les brebis l’on court pour leur conter la chose…
Au milieu des guerriers les brebis se jetant,
Suspendent ce duel sanglant,
Au nom sacré de leurs tendresses,
Et du doux fruit de leurs caresses.
Aucun des combattants n’est sourd
À la voix d’un si tendre amour ;
Et tous, cédant à sa puissance,
Laissent tomber enfin leur haine et leur vengeance !.
L’amour ainsi mit fin à tout,
Lui, le grand maître et le vainqueur partout !!
Je n’ai pu m’empêcher de penser aux Sabines,
En racontant la fable des béliers.
Par tes influences divines,
Amour, arrête aussi nos combats meurtriers !..