Le Jardin et l'Arrosoir Auguste Fisch (1814 - 1881)

Tous les étés, la petite Marie
Allait à la campagne; elle avait grande envie
D'avoir dans un coin de verger
Un petit jardin potager.
Pour une vive et joyeuse fillette
Ayant toujours vécu dans la grande cité.
Quel plaisir dans les jours d'été
Que de s'étendre sur l'herbette
Et de courir à travers champs
En roulant dans sa jeune tête
Mille projets et mille plans !
Ayant reçu de sa grand'mère,
Dans un endroit bien abrité,
Quelques mètres de bonne terre,
Sur son argent de poche elle avait acheté
Et planté
Tout un sac de petites graines,
D'où bientôt, pour fruit de ses peines,
Elle verrait sortir des légumes, des fleurs,
Un parterre aux mille couleurs !
Quelle joyeuse découverte,
Quand, descendant dans son jardin
Elle le vit, un beau matin,
Couvert d'une poussière verte!
Tout semblait aller à souhait...
Hélas !. un mois plus tard, le beau jardin mourait.
Et notre pauvre enfant pleurait
Sur son espérance détruite..
Une femme en passant la vit. — Qu'as-tu, petite?
— J'ai, reprit-elle, un gros chagrin;
11 est mort, mon joli jardin ;
Le soleil l'a séché, tout est rentré sous terre.
Adieu mes fleurs, mon beau parterre !
— Dis-moi, reprit la bonne mère,
Montre-moi donc un peu pour voir
Ton arrosoir.
— Je n'en ai pas. — Je m'en doutais, fit-elle.
Eh bien, sachez, mademoiselle,
Que se contenter de semer
Dans son jardin un peu de graine,
C'est perdre son temps et sa peine,
Il faut de l'eau pour la faire germer !

Jeunes filles laborieuses,
Vous avez un coin de jardin
Où légumes et fleurs, d'espèces précieuses,
Apparaîtront un beau matin :
Histoire, grammaire, lecture,
Chant, géographie, écriture,
C'est un jardin que chaque jour
Il faut soigner avec amour.
Pour le voir prospérer toujours, quoi qu'il arrive.
Arrosez-le de cette eau vive
Dont la source est en Jésus-Christ;
Sans elle, tôt ou tard, tout meurt, tout se flétrit.



Fable 1

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