Le Jardinier et le Rosier Joseph Poisle-Desgranges (1823 - 1879)

C'est quand un arbre est jeune et tendre
Que l'on parvient à le plier.
Ainsi donc et sans plus attendre,
Tu plieras, mon cher fils, disait un jardinier
Qui couinait avec force up fragile rosier.
Je t'aime
Et veux aujourd'hui même
Que ton bois vert et tortueux
Devienne, entre mes mains, droit et majestueux.
L'arbuste allait ourler, lorsqu'un tuteur sévère
Se place à ses côtés et l'oblige à se taire.
De plus, le jonc l'entoure et lui serré le corps;
L'arbre résiste et le jonc casse.
Mais notre jardinier nullement né se lasse;
Il redouble aussitôt d'efforts
Et d'un triple **** l'enlace.
Le rosier cède cette fois,
Mais il se brise en deux endroits,
— Malheureux, qu'ai-je fait? dit l'homme avec surprise.
Le rosier lui répond : Souffrez qu'on vous instruise.
Vous avez fait, hélas ! comme certains parents
Qui pour corriger leurs enfants,
Emploient les coups et la rudesse,
El vous n'avez point pris pitié de ma faiblesse.
Vous eussiez obtenu là chose avec le temps,
En déployant un peu d'adresse
Au lieu que je péris sous vos doigts imprudents.
Ce n'est pas en une heure, eh un jour qu'on redresse
Et les rosiers et les enfants.

Livre II, fable 6




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