L'aigle disait à l'oiseau-mouche :
« De pitié ton destin me touche,
Pauvre insecte emplumé, myrmidon des oiseaux !
Il semble en te voyant que l'injuste nature
T'ait créé si petit pour souffrir tous les maux.
Le moindre grain de nourriture
Te paraît un pesant fardeau,
Et pour te renverser, chétive créature,
C'est assez d'une goutte d'eau !
- Celui qui nous envoie et les vents et l'orage,
Répondit l'oiseau-mouche avec son doux langage,
Nous donne aussi de quoi leur résister :
Pour m'abattre, il suffit d'une goutte de pluie,
D'une feuille pour m'abriter. »
Dans sa providence infinie
Dieu mesure à chacun sa dose de douleur
Selon sa force ou son génie :
C'est là l'histoire du malheur,
C'est là l'histoire de la vie !