Que la vieillesse est donc peu sage !
Disait l'orme naissant au saule atteint par l'âge.
Quoi ! toujours demander un an de plus au sort,
Y penses-tu ? ton corps n'a plus qu'un seul branchage
Dont l'extrémité sombre attiré a lui là mort.
- Je le sais, répond l'arbre/et j'attends en silence
Le terme de mes maux.
Je le sais ! Mais prends garde au souffle qui balance
ton faîte glorieux et tes faibles rameaux
— Et toi ; pauvre caduc crains les coups dé la hache !
A t'entendre, on croirait que tu veux que l'on sache
Qu'au bûcher l'on conduit aussi beaucoup d'ormeaux.
— J'ai dit, reprend le saule ; et voilà ma sentence.
En effet, du zénith, une trombe s'avance ;
Elle entoure l'arbuste ; et tout nu l'arrogant
Tombe aux pieds du vieux tronc qui brave l'ouragan.