Phèdre dans ses écrits raconta le premier
Que, par certain fermier,
Une belette un soir fut prise
Dans un grenier.
— C'est donc vous, mal apprise,
Qui saccagez ma paille et dispersez mon grain?
Je vous y trouve enfin! '
Et vous allez payer le dégât que vous faites.
- Ô cruel que vous êtes !
Répond la bête au museau fin :
Vous voulez m'arracher la vie,
Et de vous nuire, hélas! je n'eus jamais envie,
Car en ces lieux je sommeillais.
— Vous dormiez, il se peut; mais à dormir, belette,
On n'est pas, comme vous, si grasse et rondelette.
Vous périrez, vous dis-je, et je vous surveillais.
- Seigneur, épargnez-moi, reprend notre hypocrite;
Quand vous connaîtrez mon mérite,
Vous m'apprêcîrez mieux; en voici la raison :
C'estanoi qui chaque nuit purge votre maison
Des rats et des souris qui troublent votre tète ;
Je les traque, les mange et suis toujours en quête
Pour découvrir quelque insolent.
Jugez, dit-elle avec un air simple et dotent,
Si je me suis montrée en tout point serviable.
— Vous parlez bien, ma tout aimable,
Et dé Vous maltraiter j'ai les plus vifs regrets ;
Mais si ceux-là que vous guettez de près
Ne fournissaient, ma mie, à votre subsistance,
Vous ne prendriez pas, en cette circonstance,
Si chaudement mes intérêts.
C'est ainsi que des gens se vantent de services
Dont ils ont su tirer maints secrets bénéfices.