La Colombe et la Fourmi Jean de La Fontaine (1621 - 1695)

L’autre exemple est tiré d’animaux plus petits.

Le long d’un clair ruisseau buvait une colombe,
Quand sur l’eau se penchant une fourmis[1] y tombe ;
Et dans cet océan on eût vu la fourmis
S’efforcer, mais en vain, de regagner la rive.
La colombe aussitôt usa de charité :
Un brin d’herbe dans l’eau par elle étant jeté,
Ce fut un promontoire où la fourmis arrive.
Elle se sauve. Et là-dessus
Passe un certain croquant[2] qui marchait les pieds nus :
Ce croquant, par hasard, avait une arbalète.
Dès qu’il voit l’oiseau de Vénus,
Il le croit en son pot, et déjà lui fait fête.
Tandis qu’à le tuer mon villageois s’apprête,
La fourmi le pique au talon.
Le vilain retourne la tête :
La colombe l’entend, part, et tire de long.
Le souper du croquant avec elle s’envole :
Point de pigeon pour une obole.

Livre II, Fable 12, 1668


La première phrase fait allusion à une présentation faite dans Le lion et le rat. Il nous est dit que deux fables nous serons proposées sur le même thème : « On a toujours besoin d'un plus petit que soi. »

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