Prudence requise a ung prince.
Celle beaulté qui homme recommande
Vient de l'esprit qui est prudent et saige,
L'aultre beaulté du visaige et corsaige
N'est pas du tout sy louable ne grande.
Les Oyseaulx n'avaient point de roy
Pour les gouverner et conduire,
Mais ytvoient sans prince et sans loy,
Dont on void les regnes destruire.
Ungjour se meisrent en arroy,
Affin qu'ung roy peussent eslire :
Le Pan, sa beaulté allegant,
Se presenta comme arrogant.
Pour la beaulté de son plumaige
Il fut esleu, mats une Pte
Luy dict : « Nous te ferons hommaige
Sy en toy nest force assopie,
Et tu nous gardes de dommaige
Contre l'Aigle qui nous espie ;
Mais, sy tu n'as point de vertu,
Comment nous deffenderas tu ? »
Quast disant, il est requis
Non seullement beaulté au prince,
Mais ung prudent scavoir acquis
Pour mieulx gouyerner sa province :
Le saige roy est plus exquis
Qui deffend le riche et le mince
Que le beau remply de paraige
Qui n'a ne force ne couraige.