Un loup passait le soir près d’une bergerie,
Si vous le voulez, par hasard,
Ou pour s’assurer, d’un regard,
S’il n’y trouverait pas quelqu’objet de frairie :
Mais ne pouvant y pénétrer,
Mon loup se mit à murmurer
Contre les chiens, les bergers et les maîtres.
« Ce sont, s’écriait-il, des méchants et des traîtres,
Des coquins, pour lesquels il n’est rien de sacré.
Un pauvre loup à jeun, par eux, est massacré,
Quand ils devraient le faire vivre ;
A leurs discours trompeurs est bien fou qui se livre !
Car, n’écoutant que leurs instincts cruels,
Ils cherchent à vous prendre en des pièges mortels.
« Une brebis tournant ces propos en risée,
Répondit par le trou d’une porte brisée :
« Le méchant parle mal d’autrui,
Pour le rabaisser jusqu’à lui. «