L'Abeille locataire Louis Berlot-Chapuis (1823 - ?)

Dame abeille laborieuse,
Dès longtemps butinait en vain
Le nectar exquis et divin :
Son étaile toujours se montrait nébuleuse.
Les maîtres des ruchers, gratte- liards s'il en fut,
De son miel étaient à l'affût,
Et le cœur sans pitié, certains jours de l'année,
Ravissaient les gâteaux pétris au sein des fleurs.
La ruche par l'abeille était abandonnée.
Hélas ! d'autres apiculteurs,
Plus avares encor, lui procuraient un gîte,
Et, d'une avide main, lui soutiraient bien vite
Le liquide épuré, tribut de ses labeurs.
De réduits en réduits, grande était sa détresse,
L'active mouche à miel errait à l'abandon,
Lorsqu'à son pauvre sort le ciel qui s'intéresse,
D'ouvrières cités, aux portes de Lutèce,
Son angoisse étancha par le gracieux don.
Et là, naguères éplorée,
La ménagère rassurée
Jouit en paix des fruits de son vermeil trésor :
Car à barque désespérée
Dieu fait trouver le port
.

Livre I, fable 20




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