Traçant mille contours sur la terre embaumée,
L’Abeille, avec légèreté,
Bravant les chaleurs de l’été,
Suçait de mille fleurs la tête parfumée.
La Cigale , la Mouche, autour d’elle volaient ;
Et d’un ton de pédante ,
Toutes les deux parlaient,
Et disputaient
Sur l’œuvre admirable et savante
De notre Abeille vigilante.
Le miel mérite qu’on le vante,
J’en aime la saveur,
Disait dame Cigale ;
Cependant il exhale
Une trop forte odeur.
Il faudrait adoucir l’haleine trop piquante ,
De nos rustiques fleurs. :
Du romarin et de la menthe
Gens délicats ont des vapeurs.
La cire aussi mérite qu’on la flatte,
Disait la mouche, en aiguisant sa patte ;
Mais moi, je préfère le suif.
Pour remplacer le jour son éclat est plus vif,
L’odeur sur-tout en est plus délicate.
Sur la cire et le miel tandis que l’on parlait,
Et que nos censeurs imbéciles
Perdaient leur temps en débats inutiles,
Sans répondre un seul mot l’Abeille travaillait.
Petit pédant, moderne Crysologue,
Tu blâmes tout sans rien savoir ;
C’est pour t’offrir un utile miroir
Que j’ai tracé cet apologue.