Le Corbeau, sa femelle, le Chacal et le Serpent Pantchatantra

Il y a dans une contrée un grand figuier. Deux corbeaux, mâle et femelle, avaient établi leur demeure sur cet arbre et y habitaient : Or, à l’époque de leur reproduction, un serpent noir sortait d’un creux de l’arbre et mangeait toujours leurs petits. Ils allèrent donc de désespoir vers un chacal, leur ami chéri, qui demeurait à la racine d’un autre arbre, et lui dirent : Mon cher, quand pareille chose arrive, que devons-nous faire ? Tant y a que ce méchant serpent noir sort d’un creux de l’arbre et mange nos petits. Indique-nous donc un moyen de nous préserver de cela.

Celui qui a un champ au bord d’une rivière et une femme ayant commerce avec un autre homme, et dans la maison duquel demeurent des serpents, comment aurait-il la tranquillité d’esprit ?

Et en outre : Habiter dans une maison où il y a des serpents, c’est la mort sans aucun doute ; celui près du village duquel demeure un serpent n’est pas sûr de vivre.
Nous aussi, qui demeurons là, nous sommes chaque jour incertains de vivre.
Le chacal répondit : Il ne faut pas vous faire le moindre chagrin en ce qui vous concerne. Assurément ce glouton ne peut pas être tué sans une ruse. Et l’on dit :
On ne remporte pas sur un ennemi une victoire avec les armes comme avec une ruse : celui qui est rusé, quoique de petite taille, n’est pas vaincu par des héros.

Et ainsi : Après avair mangé beaucoup de poissons, gros, petits et moyens, une grue mourut par excès de gloutonnerie, sous l’étreinte d’une écrevisse.

Livre I, 7




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