Bien revenu sur son plumage
Et la beauté de son ramage,
Tout en ayant toujours fort à cœur son fromage,
Le Corbeau se disait : « J’accepte la leçon ;
Mais je voudrais en donner une
Au Renard, qui n’est qu’un fripon.
Il m’a volé ; je lui garde rancune ;
C’est toujours mal de se venger ;
Mais le scrupule ici n’a rien à faire,
Puisqu’après tout, c’est pour le corriger.
Il me vient une idée ; elle n’est pas vulgaire.
Ah ! je vais lui servir un plat de mon métier,
Et rira bien qui rira le dernier ;
Essayons, bah ! vaille que vaille ! »
Bientôt après, comme un homme en ripaille,
Le Corbeau par ses cris troublait tout le quartier.
Le Renard aussitôt, sortant de son terrier,
Se dit : « Maître Corbeau me paraît bien en joie ;
Il a sans doute attrapé quelque proie ;
Je vais bien le savair. Eh ! bonjour donc, voisin ;
Vous rencontrez toujours ; vous êtes un malin ;
En vérité, vous avez de la chance.
— On fait ce que l’on peut, répondit le Corbeau ;
Mais aujourd’hui j’ai fait bombance ;
Tenez, il me reste un morceau ;
Le voulez-vous ? Je vous le donne ;
C’est pour votre leçon, que je trouve fort bonne.
Approchez donc ; c’est du bon, c’est du fin ;
C’est du filet de lièvre ou de lapin.
Attention ! ouvrez bien la mâchoire.
— « Lâchez ! » dit le Renard. C’était une attrapoire,
Un dur caillou qui, trempé dans le sang,
Outre un croc qu’il lui casse,
Lui fend la babine en tombant.
Jamais plus piteuse grimace
Que celle du triste Renard ;
Il s’enfuit, l’oreille bien basse,
Et d’un ton goguenard
Le Corbeau lui croasse :
« C’est un bonheur
De tromper le trompeur ;
C’est pain bénit quand c’est un vil flatteur !
S’il rencontrait toujours de semblables aubaines,
A toute autre besogne il emploierait ses soins ;
Bien des femmes seraient moins vaines ;
Les cours des rois seraient moins pleines,
Et les budgets grossiraient moins. »
Dieu que c'est nul...! Et on lâche une pique sur femmes, comme ça, gratuitement...