Barthélemy de Beauregard (1803 - ?) Toutes les fables

Bien sûr, cet homme d'église parisien n'est pas bien connu. On n'ignore même la date de son décès. On sait qu'il a écrit deux ouvrages autour de la fable qui portent pour titre

La Comédie universelle.

et

Greffes Morales sur La Fontaine par Barthélemy de Beauregard.

Extrait de l'avant propos du premier ouvrage :

On dit que l'apologue vient de l'Orient ; mais on ajoute avec moins de raison qu'il a pris naissance dans l'Inde ; parce qu'on y a toujours cru à la métempsychose, et que c'est la croyance à la transmigration des âmes qui a suggéré l'idée de faire parler les bêtes. Cette assertion a le tort de reposer sur deux hypothèses que rien ne justifie ; La première : que les livres de l'Inde seraient les plus anciens de tous les livres, et la seconde : qu'il n'y aurait pas d'apologue surpassant en ancienneté ceux de la littérature indienne. Or ce sont là des suppositions gratuites ; il n'est nullement prouvé que les védas soient plus anciens que certains livres de la Bible. ; il est même encore moins prouvé que les fables de Pilpaï et du Panchatrantra soient antérieurs à celles qu'on lit au livre des juges et aux deuxième et quatrième livre de rois.


Il est intéressant de lire ces querelles de clocher vaines, inutiles et honteusement non sourcées. La suite est un peu plus intéressante mais ne vous apportera rien.

Extrait de l'avant propos du second ouvrage :

J'avais promis de publier un second recueil de fables, si le jugement du public ne s'écartait pas trop de celui de l'amitié. Le succès ayant dépassé mes espérances, et la critique ne m'ayant donné que des encouragements, je tiens parole en publiant ce second recueil [cette phrase n'est sans doute rien d'autre que du marketing].[...] Dans l'humble genre de la fable, qui donne une langue aux animaux et aux plantes, et farcit sa rhétorique des tirades et leur éloquence, on a pu, dira-t-on peut-être, vous pardonner certaines espiègleries de votre invention et sourire aux petits traits semés ça et là comme le sel sur les mets dont il relève la saveur. Mais afficher la prétention de refaire La Fontaine, de le compléter, de le corriger, quel sacrilège ! C'est toucher à l'arche sainte ! Voilà ce que diront les plus révoltés, et ce qui arrivera, si l'on ne veut pas m'entendre et recevoir mes explications.

Il y a deux hommes dans La Fontaine : le poète ou l’écrivain, et le moraliste. Le premier est admirable, et personne ne l’admire plus que moi; les plus habiles ne feront jamais qu’en approcher : c’est la perfection du genre : quel entrain! quelle verve! quelle simplicité, et cependant quelle élévation! quelle finesse et quelle naïveté ! quel abandon et en même temps quelle concision et quelle énergie ! Il est original jusque dans l’imitation, et chacune de ses pages ports le sceau du génie.
Mais a-t-il la même perfection comme moraliste? Ses nombreux apologues ne ressemblent-ils pas souvent à de beaux arbres qui porteraient des fruits gâtés ? A moins d’invoquer l’étrange théorie de l’art pour l’art, fausse et répréhensible dans tous les genres, mais qui serait surtout détestable dans l’espèce, n’est-il pas regrettable qu’un si grand génie n’ait pas toujours joint au culte du beau celui du vrai et du bon, qu’on ne devrait jamais séparer?

Il n’est pas une seule fable de La Fontaine qui puisse faire penser qu’il ait jamais lu l’Évangile, et, de fait, jusqu’à la fin de sa vie, il ne l’avait pas lu, quand, durant le cours de sa dernière maladie, son confesseur s’avisa de lui mettre sous les yeux le livre divin. Pressé de dire ce qu’il en pensait, il répondit, avec son indifférence ordinaire, que c’était un beau livre. Comme le prêtre s’échauffait sur ce point et s’efforçait de le faire sortir de son apathie, la bonne lui cria : «Laissez-le, Monsieur l’abbé, il est trop b.. pour que le bon Dieu le damne. » En l’étudiant au point de vue moral et le trouvant si peu chrétien, je me disais : C’est sans doute l’effet de son éducation, qui a été toute païenne, comme l’était alors toute éducation littéraire.

[...]

Je résume la fable de La Fontaine, dont le fond est souvent dans Ésope et dans Phèdre, et je continue l’action commencée, ou, si l’on veut, j’en greffe une autre sur la première, mais de telle manière que le crime ou le vice est toujours puni et là vertu récompensée. Puis-je espérer que quelques-unes de mes fables seront apprises comme faisant suite à celles de La Fontaine ?


Les fables du premier livre n'étant exclusivement QUE des morales chrétiennes parfois déguisées, parfois non, je passe directement au deuxième livre. Vous n'aurez aucun mal à reconnaître certains titres et c'est là ce qui nous intéresse. Comme l'abbé a-t-il réussi à réécrire ou prolonger les fables de la Fontaine ? Est-ce convaincant ? Je me suis permis de faire des commentaires sous certaines fables ; vous pourrez voir que je ne porte pas les écrits de l'abbé dans mon cœur. Je vous laisse vous faire votre opinion.

L'Aigle et l'Escarbot

L'Aigle, la Laie et la Chatte

L'Âne et le vieillard

L'Âne portant des reliques

La Chienne et sa compagne

La Cigale et la Fourmi

La Génisse, la Chèvre et la Brebis en société avec le Lion

La Mort et la jeune Fille

La Tête sans cervelle

Le Cerf à la fontaine

Le Corbeau et le Renard

Le Lièvre et les Grenouilles

Le Lion et l'Âne chassant

Le Loup devenu berger

Le Loup et l'Agneau

Le Loup et la Cigogne

Le Loup et le Chien

Le Loup plaidant contre le Renard par-devant le Singe

Le Renard et le Bouc

Les Charlatans

Les Grenouilles qui demandent un roi