Bien sûr, cet homme d'église parisien n'est pas bien connu. On n'ignore même la date de son décès. On sait qu'il a écrit deux ouvrages autour de la fable qui portent pour titre
La Comédie universelle.
et
Greffes Morales sur La Fontaine par Barthélemy de Beauregard.
Extrait de l'avant propos du premier ouvrage :
On dit que l'apologue vient de l'Orient ; mais on ajoute avec moins de raison qu'il a pris naissance dans l'Inde ; parce qu'on y a toujours cru à la métempsychose, et que c'est la croyance à la transmigration des âmes qui a suggéré l'idée de faire parler les bêtes. Cette assertion a le tort de reposer sur deux hypothèses que rien ne justifie ; La première : que les livres de l'Inde seraient les plus anciens de tous les livres, et la seconde : qu'il n'y aurait pas d'apologue surpassant en ancienneté ceux de la littérature indienne. Or ce sont là des suppositions gratuites ; il n'est nullement prouvé que les védas soient plus anciens que certains livres de la Bible. ; il est même encore moins prouvé que les fables de Pilpaï et du Panchatrantra soient antérieurs à celles qu'on lit au livre des juges et aux deuxième et quatrième livre de rois.
J'avais promis de publier un second recueil de fables, si le jugement du public ne s'écartait pas trop de celui de l'amitié. Le succès ayant dépassé mes espérances, et la critique ne m'ayant donné que des encouragements, je tiens parole en publiant ce second recueil [cette phrase n'est sans doute rien d'autre que du marketing].[...] Dans l'humble genre de la fable, qui donne une langue aux animaux et aux plantes, et farcit sa rhétorique des tirades et leur éloquence, on a pu, dira-t-on peut-être, vous pardonner certaines espiègleries de votre invention et sourire aux petits traits semés ça et là comme le sel sur les mets dont il relève la saveur. Mais afficher la prétention de refaire La Fontaine, de le compléter, de le corriger, quel sacrilège ! C'est toucher à l'arche sainte ! Voilà ce que diront les plus révoltés, et ce qui arrivera, si l'on ne veut pas m'entendre et recevoir mes explications.
Il y a deux hommes dans La Fontaine : le poète ou l’écrivain, et le moraliste. Le premier est admirable, et personne ne l’admire plus que moi; les plus habiles ne feront jamais qu’en approcher : c’est la perfection du genre : quel entrain! quelle verve! quelle simplicité, et cependant quelle élévation! quelle finesse et quelle naïveté ! quel abandon et en même temps quelle concision et quelle énergie ! Il est original jusque dans l’imitation, et chacune de ses pages ports le sceau du génie.
Mais a-t-il la même perfection comme moraliste? Ses nombreux apologues ne ressemblent-ils pas souvent à de beaux arbres qui porteraient des fruits gâtés ? A moins d’invoquer l’étrange théorie de l’art pour l’art, fausse et répréhensible dans tous les genres, mais qui serait surtout détestable dans l’espèce, n’est-il pas regrettable qu’un si grand génie n’ait pas toujours joint au culte du beau celui du vrai et du bon, qu’on ne devrait jamais séparer?
Il n’est pas une seule fable de La Fontaine qui puisse faire penser qu’il ait jamais lu l’Évangile, et, de fait, jusqu’à la fin de sa vie, il ne l’avait pas lu, quand, durant le cours de sa dernière maladie, son confesseur s’avisa de lui mettre sous les yeux le livre divin. Pressé de dire ce qu’il en pensait, il répondit, avec son indifférence ordinaire, que c’était un beau livre. Comme le prêtre s’échauffait sur ce point et s’efforçait de le faire sortir de son apathie, la bonne lui cria : «Laissez-le, Monsieur l’abbé, il est trop b.. pour que le bon Dieu le damne. » En l’étudiant au point de vue moral et le trouvant si peu chrétien, je me disais : C’est sans doute l’effet de son éducation, qui a été toute païenne, comme l’était alors toute éducation littéraire.
[...]
Je résume la fable de La Fontaine, dont le fond est souvent dans Ésope et dans Phèdre, et je continue l’action commencée, ou, si l’on veut, j’en greffe une autre sur la première, mais de telle manière que le crime ou le vice est toujours puni et là vertu récompensée. Puis-je espérer que quelques-unes de mes fables seront apprises comme faisant suite à celles de La Fontaine ?
L'Aigle et l'Escarbot
L'Aigle, la Laie et la Chatte
L'Âne et le vieillard
L'Âne portant des reliques
La Chienne et sa compagne
La Cigale et la Fourmi
La Génisse, la Chèvre et la Brebis en société avec le Lion
La Mort et la jeune Fille
La Tête sans cervelle
Le Cerf à la fontaine
Le Corbeau et le Renard
Le Lièvre et les Grenouilles
Le Lion et l'Âne chassant
Le Loup devenu berger
Le Loup et l'Agneau
Le Loup et la Cigogne
Le Loup et le Chien
Le Loup plaidant contre le Renard par-devant le Singe
Le Renard et le Bouc
Les Charlatans
Les Grenouilles qui demandent un roi