Le Cheval et l'Âne Louis Auguste Bourguin (1800 - 1880)

L'œil en feu, les naseaux fumants, les crins au vent,
Un cheval dévorait l'espace,
Quand sous son pied rapide Un caillou se trouvant,
L'équilibre lui manque, il tombe sur la place.
Un âne, s'étant approché,
Le raille sur sa chute et dit : « Sur ma parole !
Dans les sentiers pierreux bien souvent j'ai marché,
Et jamais mon pied n'a bronché.
— Je le crois aisément, baudet à tête folle,
Répondit le coursier fâché,
Mais n'en sois pas trop fier; tu te traînes, je vole :
Il est plus glorieux de tomber comme moi
Que de marcher toujours d'un pas sûr comme toi. »

Livre III, Fable 23, 1856




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