L'autre jour, un étudiant
Jeune et léger de caractère
Fut appelé chez un notaire
Qui voulait lui donner un avis important :
— Par un testament authentique,
Vous avez hérité d'un cousin d'Amérique,
Lui dit le tabellion ;
La nouvelle en est bien certaine,
Et vous pourrez, sans grande peine,
Recueillir la succession ;
Oh ! laissez de côté tout chagrin hypocrite ;
Le trépas d'un vieillard que l'on n'a point connu
Est, j'ose ainsi parler, presque le bienvenu,
Dès l'instant surtout qu'on hérite...
Maintenant, qu'il me soit permis
D'user pour vous du droit que donne la vieillesse
Ecoutez, lorsqu'on a le pouvair, la richesse,
On a toujours beaucoup d'amis.
Mais, comme un grain de poussière,
Echappé de ma tabatière,
Disparaît à nos yeux, sous un souffle du vent,
Ainsi disparaissent souvent
L'argent, les honneurs, la puissance,
Si l'on n'est doué de prudence ;
Et tous ces bons amis, ces flatteurs, ces valets,
Vous quittent aussitôt, sans montrer de regrets.