Deux coqs s'étant mis en voyage,
Pour aller d'un parent recueillir l'héritage,
S'arrêtèrent un soir dans un vieux cabaret,
Au bord d'une épaisse forêt.
Il leur fallut trouver un guide
Qui pût connaître los sentiers,
Eloigner d'eux tous les dangers,
Et qui fût, do plus, très-rapide.
Lo plus jeune des deux, hélas, se contenta,
Dans son humeur confiante,
Du premier qui se présenta.
Il avait l'air fort doux ; sa voix était touchante ;
On l'appelait Robin Mouton :
Oh ! quel valeureux compagnon !
Dès qu'ils furent partis, le second, bien plus sage,
Prit pour guide un chien de berger,
Qui pouvait mieux le protéger,
Ayant la force et le courage,
Heureux il fut d'avair été prudent :
Pataud le conduisit sans aucun accident,
Ils virent dans le bois quelques flocons de laine,
Des plumes, puis du sang, annonce trop certaine
De la mort do son frère et du pauvre Robin ;
Notre coq, en passant, pleura leur triste fin ;
Mais il apprit par là que c'est une imprudence
De prodiguer sa confiance,
Et qu'au jour du danger le plus grand ennemi
Est pour nous un trop faible ami.





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