Une colombe avait son nid
Tout auprès du nid d’une pie :
Cela s’appelle avair mauvaise compagnie.
D’accord ; mais de ce point pour l’heure il ne s’agit.
Au logis de la tourterelle
Ce n’était qu’amour et bonheur ;
Dans l’autre nid toujours querelle,
Oeufs cassés, tapage et rumeur.
Lorsque par son époux la pie était battue,
Chez sa voisine elle venoit,
Là, jasait, criait, se plaignait,
Et faisait la longue revue
Des défauts de son cher époux :
« Il est fier, exigeant, dur, emporté, jaloux ;
De plus, je sais fort bien qu’il va voir des corneilles. »
Et cent autres choses pareilles
Qu’elle disait dans son courroux.
« Mais vous, répond la tourterelle,
Êtes vous sans défauts ? »--Non, j’en ai, lui dit-elle ;
Je vous le confie entre nous :
En conduite, en propos, je suis assez légère,
Coquette comme on l’est, parfois un peu colère,
Et me plaisant souvent à le faire enrager ;
Mais qu’est-ce que cela ? - C’est beaucoup trop, ma chère.
Commencez par vous corriger,
Votre humeur peut l’aigrir… -Qu’appelez-vous, ma mie ?
Interrompt aussitôt la pie :
Moi, de l’humeur ! Comment ! je vous conte mes maux,
Et vous m’injuriez ! Je vous trouve plaisante !
Adieu, petite impertinente ;
Mêlez vous de vos tourtereaux. »
Nous convenons de nos défauts,
Mais c’est pour que l’on nous démente.