Dès l'aube, d'un coucou la dolente femelle
Tristement soupirait. - Pourquoi gémir ainsi ?
Lui disait une tourterelle
Qui, sans savair son mal, en gémissait aussi.
Avec la saison printanière
As-tu vu s'enfuir les amours ?
Ou, lorsque du soleil s'affaiblit la lumière,
Crains-tu déjà l'hiver qui chasse les beaux jours ?
— Comment ne pas gémir quand la vie est amère ?
Tu peux juger de mon souci :
Vers le printemps dernier, j'aimais et je fus mère ;
Mes enfants ont fui loin d'ici
Et pour eux désormais je suis une étrangère :
De mon amour devais-je être payée ainsi ?
Je vois d'un œil jaloux les canetons, en foule,
Se presser, dès qu'il pleut, sous le sein maternel ;
Je souffre quand je vois les poulets vers la poule
Accourir au premier appel.
Moi, je suis toujours seule, et j'ignore l'ivresse
Que d'enfants bien-aimés doit donner la tendresse.
— Je te plains, pauvre mère ; hélas !
Que ton infortune est profonde !
Ah ! si j'avais des fils ingrats
(Puisqu'enfin il en est au monde),
Ma sœur, je n'y survivrais pas !
Mais, dis-moi, me suis-je trompée ?
Quand donc à tes enfants as-tu donné tes soins ?
Qui t'a jamais vue occupée
A façonner un nid pour leurs premiers besoins ?
Voltiger, folâtrer était ta seule étude...
— Eh ! la belle fadaise ! Il faudrait donc toujours
A croupir sur un nid consumer ses beaux jours ?
Est-il sort plus maussade et plus sotte habitude ?
Dans les nids des voisins j'ai fait couver mes œufs.
— Pourquoi donc à tes fils imputer ta détresse ?
Peux-tu compter sur leur tendresse.
Lorsque tu n'as rien fait pour eux ? »
À la leçon que je vous donne.
Parents, ne vous méprenez pas.
Car il n'est permis à personne
D'excuser les enfants ingrats ;
Mais, suivant l'usage ordinaire.
Si, loin du sein qui les nourrit,
Vos fils, pour former leur esprit.
Sont mis aux soins d'un mercenaire,
Plaintes, regrets sont superflus ;
Que le reproche à vous s'adresse,
Si vous ne les retrouvez plus
Pour consoler votre vieillesse !