L’Araigne auoit sa belle toille ourdye
Et l’achevant pour un temps la laissa.
Mais il suruint une guespe estourdie
Qui la rompist et par dedans passa.
L’Araigne adoncq bien fort se courrouça
De voir ainsi gaster son petit bien ;
Le sens deffaut à lors qu’on perd le sien.
Elle luy dist : « Qui te meut de deffaire
A coup cela que i’ay fait à loisir ? »
Respond la Guespe : « Et qu’en as tu affaire ?
Ce que i’ay faict, ie l’ay faict par plaisir.
— Ha, dist l’Araigne, or voy ie bien gesir
Morte à l’envers droicture et équité :
Car de pescher les gros ont liberté. »
Bien tost après une Mousche petite
Cuidant passer dedans s’enveloppa,
Dont folle feust : car l’Araigne despite
Dedans ses retz promptement l’atrappa ;
Et si souvent son tendre corps frappa,
Qu’il demeura presque tout affollé.
Le plus petit est tousiours plus foullé.
Le titre original est : De l’Araignée, de la Guespe et de la Mouche.