Le Singe et le Lion Gottlieb Konrad Pfeffel (1736 - 1809)

Un Singe griffonneur d'un très-grand personnage,
De l'état de commis secoua l’esclavage ;
Arrivant à la cour, tels que les renégats,
Qui sortent du néant pour devenir goujats.
« Sire, » dit-il un jour, du ton des patriotes :
« Il manque un analyste, assembleur d’anecdotes,
Dans votre état si grand où vos nobles travaux
Font bénir votre nom et pâlir vos rivaux.
Ah ! combien de beaux traits d’esprit et d'éloquence,
De sublime grandeur, d'héroïque vaillance,
De courage éclatant à qui tout obéit,
Ces rares qualités que le temps engloutit.
Je serais très flatté d'être à votre service,
La douceur de vos lois à qui tout rend justice,
M'inspire ce qui dit l'Alcyde Lybien,
Et la simple brebis : voilà le Dieu du bien. »
(Le biographe ici fait une révérence.)
« Eh oui ! très-grand seigneur avec art, en cadence,
J‘écrirai votre nom pour un monde à venir,
Qui ne pourra vous voir, mais saura vous bénir. » ~
« Valet, » dit le Lion: « prends garde ou je t'assomme,
Tu viens en Orient pour bavarder en homme,
On sait qu’en Occident les rois sont des héros.
Mais, ose-ici flatter: je te casse les os. »





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