La Brebis et le Chien fidèle,
Un jour se plaignaient de leur sort ;
Le Roquet dit, « on me querelle.
Et chacun sait que c'est à tort.
A l'homme ingrat je sers de guide,
La nuit je garde sa maison ;
Un chien jamais ne fut perfide,
Ni déteste la trahison.
Dans le danger, je me rappelle,
Pour lui je prodiguai mon sang,
Quel est le prix pour tant de zèle ?
Des coups me tombent sur le flanc.
Je me retire dans ma, cage,
Et pleure à m’affaiblir la vue ;
Alors on dit, ce chien enrage,
Il pourrait mordre, qu'on le tue. »
« Mon lait lui sert de nourriture,
Ce n'est pas tout, » dit la Brebis,
« Il s’empare de ma fourrure,
Et s’en fabrique des habits.
Mais ce qui suit est pire encore,
C'est qu'il écorche mes enfants ;
Et son cousin, le loup dévore
Ce qui ne tombe sous ses dents.
Ah ! notre sort est bien infime,
Mais le martyre en est plus beau ;
Bien mieux vaut-il d’être victime,
Que le complice du bourreau. »