A Siam, qui voudrait le croire,
Le peuple adore un Eléphant ;
Un bocal d'or lui sert à boire,
Un château est son logement.
Avec des parfums on l’encense,
Dans le péril plus d'un guerrier,
Au devant de la mort s’élance,
Pour lui servir de bouclier.
« Pourquoi, » demanda le colosse,
(Qui certain n’était pas un fou.)
A son gardien, un gros molosse,
« Devant-moi ploie-t-on le genou ? »
« Quoique je sois de la province, »
Répond tout confus te Payen,
« Je sais que vous êtes mon Prince,
Et que vous le savez fort bien ;
Que suivant la métempsycose.
Après la mort les grands talents,
Pour prix de leur apothéose,
Sont transformés en Éléphants. »
« Quoi ? » répliqua la digne bête,
« Un homme ! moi ? quelle fureur ;
Mais l'on vous fait tourner la tête,
Et moi victime de l'horreur,
L'on me retient en esclavage ;
Un Roi qui traîne le boulet.
Je t'en prie, ouvre-moi 1a cage,
Que je retourne à la forêt.
Un Eléphant : mais sois en juge,
Toujours loyal et généreux ;
Déteste autant le subterfuge,
Que l’éclat vain du fastueux ;
Ses amis, il sait les défendre,
Il est constant en ses amours,
Pour des hommes doit-on nous prendre
Nous ne ressemblons aux vautours. »





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