La colombe se plaignait amèrement de son sort et faisait part à la tourterelle de ses chagrins et de ses craintes. Le milan était acharné contre elle ; il lui avait déjà enlevé deux petits ; elle craint qu'il n'enlève encore ceux qu'elle nourrit maintenant et d'après eux, enfin leur malheureuse mère. La Tourterelle, oubliant son propre danger et n'envisageant que le malheur de son amie, lui dit : Venez chez moi ; j'ai mon nid ici-près ; je vous y recevrai volontiers vous et vos petits et je vous défendrai des violences du milan. Pauvre misérable, répond la Colombe, quel secours, hélas ! pouvez-vous me donner, vous quine trembleriez pas moins que moi et qui n'éprouveriez pas un moins funeste sort, si le tyran venait à fondre sur nous ? Ah ! si je trouvais quelque vaillant et belliqueux oiseau... mais non, ce ne sont pas des puissants, ce sont les faibles, qui s'offrent le plus souvent à secourir les faibles.