Au beau milieu de février,
Un jeune abricotier qui parait déjà Flore,
Insultait follement à certain vieux poirier
Que nulles fleurs n’ornaient encore.
— Elles viendront quand il faudra.
Les tiennes, mon enfant, s’empressent trop d’éclore,
Et tant de gloire te perdra…
— Bon ! bon ! On en dira tout ce que l’on voudra,
Je n’en chéris pas moins l’éclat qui me décore.
Cet éclat-là ne dura pas.
L’hiver, qui paraissait faire grâce à la terre,
Pour lui renouveler une cruelle guerre,
Tout à coup revint sur ses pas :
Adieu les fleurs, adieu l’empire
De notre abricotier, joyeux à contre-temps ;
Et ce que j’y trouve de pire,
Adieu les fruits, en même temps.
D’une trop brillante jeunesse,
L’éclat prématuré doit blesser la raison :
Tant de fleurs, qui d’abord paraissent à foison,
Tiennent rarement leur promesse :
Tout doit venir dans sa saison.