Une perdrix, apprivoisée en cage,
D'un œil inquisiteur,
Guette ses frères au passage,
Et les racole aux rets d'un cupide oiseleur.
A l'appel de la voix fraternelle et joyeuse
De notre avide pourvoyeuse,
Un essaim de mâles perdreaux,
Pour témoigner leur joie, en s'abattant près d'elle,
Répond, en cacabant, à ses chants gutturaux.
Mais la perfide chanterelle
Semble confuse, hélas ! de son rôle honteux,
Et garde un silence piteux,
Car soudain nos oiseaux sont pris dans la tonnelle.
Lors, un frère captif, d'un ton sentencieux,
Au vil appeau dit, en s'étirant l'aile :
« Sois à jamais maudit de tous,
Et honni par ton propre maître,
Traître !
Qui, pour nous faire prendre, as chanté comme nous. »

Livre I, fable 22




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