Un oiseleur reçut sans s'y attendre la visite d'un de ses amis, comme il allait souper d'ache et de sarriette. Rien dans sa cage, car il n'avait pas chassé. Il alla pour tuer une belle perdrix qu'il avait apprivoisée, et qui l'aidait à prendre les oiseaux. Celle-ci se mit à le supplier : « Que te servira désormais ton filet, disait-elle, quand tu iras à la chasse ? Qui rassemblera sous tes yeux ces bandes d'oiseaux à l'œil perçant ? Qui t'endormira par ses chants mélodieux ? » L'oiseleur lâcha la perdrix, et voulut mettre la main sur un jeune coq. Du haut de son juchoir, le coq lui dit de sa voix criarde : « Qui t'apprendra combien de temps te reste jusqu'à l'aurore, quand tu m'auras tué, moi qui t'annonce les heures ? Comment sauras-tu, la nuit, où est Orion à l'arc d'or ? Qui te rappelera les travaux que tu dois faire avant le jour, quand la rosée vient mouiller l'aile des oiseaux ? » L'homme répliqua : « Je connais les temps utiles ; mais il faut bien que mon ami ait de quoi dîner. »