Le Coq et le Renard Poggio Bracciolini (1380 - 1459)

Un renard, pressé par la faim, cherchait un stratagème pour s’emparer de quelques poules, réfugiées à la suite d’un coq, au sommet d’un arbre élevé. S’étant approché, le renard salua poliment : « Que fais-tu là-haut ? dit-il au coq ; tu ignores donc la bonne nouvelle qui est arrivée ? » — « Absolument, répondit celui-ci ; dis-nous la donc. — « Je viens exprès pour t’en faire part, et afin qu’elle soit pour toi un sujet de joie. Tous les animaux ont tenu un grand conseil et juré entre eux une paix éternelle. Il faut bannir toute crainte ; aucun animal ne peut être traqué ni molesté par un autre, la paix et la concorde doivent régner entre eux ; chacun peut aller sans défiance où il lui plaît, même seul. Descendez et nous fêterons ensemble ce beau jour. » Le coq devina la ruse du renard : — « C’est là une bonne nouvelle qui m’est fort agréable, et tout en disant cela, il regardait de côté et d’autre en se dressant sur ses ergots. — « Mais que regardes-tu ainsi », dit le renard. — « Deux chiens qui viennent de ce côté au grand galop et la gueule ouverte. » Tout tremblant, le renard s’écrie : — « Dieu ! il faut que je me sauve avant leur arrivée. » — « Mais pourquoi fuir, tu n’as rien à redouter, puisque la paix est faite. » — « Je crains, reprit le renard, que peut-être ces chiens n’aient pas eu connaissance du traité. » Ainsi ce fut par ruse que la ruse fut déjouée.

Les facétie du Podge


Titre original : Du coq et du renard