Tout brillant d'azur et d(opale
Et fier d'une robe où s’étale
D'Iris Pare aux mille reflets,
Vit, svelte, mobile à excès,
Plus léger que bulle légère
Voyez ce charmant Névroptère,
Aux ailes de gaz et d’émaux,
Qui sur les fleurs et sur les eaux
Si gracieusement voltige
Et se pose en son vol parfois,
Quelque frêle que soit la lige,
Sans qu'elle penche sous le poids.
Mais ces haltes sont éphémères ;
Il n'est fixé par nulle fleur ;
Les roses, les lys, les fougères
N’ont pour lui nul miel, nulle odeur ;
Vainement sous ses yeux l'abeille
En extrait sa liqueur vermeille,
Prêchant d'exemple a tout venant,
Il n’a pour loi que l'inconstance
Et consume son existence
Dans un stérile mouvement.
Taillés sur ce même modèle,
Damoiseaux légers de cervelle,
Sur la pointe des pieds courant,
Dans nos parages sublunaires
Combien d'hommes sont Névroptères.

Livre I, fable 5


Alger, avril 1853.

Commentaires