Maigre, efflanqué, poils hérissés, œil louche,
Un Dogue famélique a plein gosier jappait
Et même, en son humeur farouche,
A belles dents mordait.
Mais voici qu’un passant lui jette
Quelques os a ronger.
Aussitôt Dogue de changer ;
La métamorphose est complète ;
Plus de morsure ni daboi.
Michoire pleine, il est vrai, d’ordinaire.
Ne mord ni n’aboit guére ;
Aussi l’animal reste coi.

Parmi nos jappeurs politiques
Ce Dogue a de nombreux jumeaux ;
A leurs appétits faméliques
Que l'on jette à ronger des os
A l'instant chacun s’amadoue ;
Plus de morsure et d'aboiement !
Et, grace à l’os que chacun est rongeant,
Le chenil se change en Capoue.

Livre VIII, fable 10


Blidah, Novembre 1854.

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