Le Berger et son Chien Joseph Poisle-Desgranges (1823 - 1879)

Basile, fatigué d'enfler ses chalumeaux,
S'étend sur ses habits à l'ombre des ormeaux;
Puis à son chien docile abandonne la garde.
Do ses brebis, de ses agneaux.
D'abord le bon Fidèle en silence regarde
L'abdomen agité de son maître endormi ; ,
Mais voyant tout-à-coup passer un vieil ami,
Le chien oublie alors sa consigne et son poste,
Et court vers l'autre qu'il accoste ;
On se parle... on fait route... enfin on disparaît ;
Troupeau fera ce qui lui plaît.
Ce départ est un jeu 'pour les bêtes à laine;
Les agneaux étant seuls bondissent dans la plaine,
Les uns tombent dans l'eau; d'autres dans les forêts
Vont chercher le trépas près des loups aux aguets.
Basile, au bout d'une heure ayant levé la tète,
S'éveille et pour bâiller nonchalamment s'apprête;
II se frotte les yeux; mais que voit-il en l'air ?
Son dernier mouton gras qu'un puissant aigle emporte.
Son malheur était clair.

Ayons foi dans autrui, sans agir de la sorte;
Trop de confiance nous perd.
Dormons, mais il est bon d'avoir un oeil ouvert.

Livre II, fable 13




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