La Pie bavarde Jean-Baptiste Voinet (1976 - ?)

Il était une pie aussi noire que blanche,
Comme on en voit beaucoup dans les jardins du bourg,
Qui aimait à parler aux oiseaux, sur les branches,
Elle parlait, chantait, jusqu’à la fin du jour.
Au début de l’été, volant à tire d’aile,
Elle se posa près d’un élégant pinson
« Très cher voisin, bonjour, je m’en viens aux nouvelles,
Mais pourrais-je d’abord vous chanter ma chanson ? »

Après ce récital, après cette complainte,
Le pinson s’apprêtait à chanter à son tour,
Quand l’autre l’arrêta : « Ah, mais, soyez sans crainte,
D’ici peu, croyez-le, je serai de retour.
Nous pourrons continuer tous deux cette causette,
Très plaisante à mon goût, n’êtes-vous pas d’accord ?
Mais qui vois-je plus loin ? Mon amie fauvette,
Je vous quitte, pinson et je prends mon essor. »

La pie voleta vers la branche voisine,
Gratifia gaiement l’amie d’un « Bonjour !
Comment vous portez-vous, gracieuse cousine,
Que raconterez-vous, comment vont vos amours ?
Avez-vous pu voler des grains de céréale
Dans les champs alentour, juste avant la moisson ?
Je veux tout savair, mais, si la chose est égale
Pourrais-je tout d’abord vous chanter ma chanson ? »

Après ce récital, après cette complainte,
Fauvette s’apprêtait à répondre aux questions
Quand l’autre l’arrêta : « Ah, mais, soyez sans crainte,
Nous nous verrons demain, j’ai quelque obligation. »
Le lendemain matin, toujours d’humeur causante,
L’oiseau rejoint les bois, croisant ses compagnons
« - De vous croiser ici, vous me voyez contente.
Pourrais-je, à tous les deux, entonner ma chanson ?

- Impétueuse pie, on vous connait bavarde,
Nous vous aimons ainsi, oui, c’est la vérité,
D’entendre vos refrains, croyez-le il nous tarde,
Mais prendrez-vous le temps, après avair chanté
De rester en silence et d’écouter ?

juillet 2022


Sans inspiration extrérieure

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