Un jour, une grande famine,
Désolait le règne animal ;
Des oiseaux, la prompte ruine,
Du fléau donnait le signal.
Un Faisan lourdement se traine,
Dans le bocage en gémissant ;
Je le vois bien: « tu es en peine, »
Lui dit un Pic en soupirant.
« Pourtant, si j'étais à ta place,
Pour contenter mon appétit,
Et chasser la faim qui menace,
J'irais vendre mon bel habit. »
Le Faisan troque sa parure
Au Mulot, pour un sceau de blé,
Et dit: « grâce à cette mouture,
Mon estomac est rassuré. »
Hi se nourrit si bien qu'un prince,
Mais tout d'un coup parait l'hiver ;
Il est saisi, le froid le pince,
Car son cuir est nu comme un ver.
Au Pic il dit : « vois, examine,
Ton conseil a mal réussi ;
Si l'on peut mourir de famine,
Qui gèle de froid meurt aussi. »