Un prince en allant à la chasse,
(C’était un jour de carnaval.)
Se trouvait tout d'un coup en face,
D'un bandit au masque infernal,
Qui dit : « Donnez-moi votre bourse, »
En lui montrant le pistolet ;
Le prince arrêté dans sa course,
Ne lui refuse son sachet.
Partant d’un grand éclat de rire.
Le voleur lui rend le magot;
Et jette son masque de cire,
Lui montrait le Bouffon Crigot.
« Pardon, Seigneur, si je plaisante,
Le carnaval permet le cas. »
« Et moi j'ordonne qu'on te ponde,
Car moi je ne plaisante pas. »
Le Matado et sa séquelle,
Le condamnèrent tous à mort ;
Le Bouffon dit: je n’en appelle,
Car j'ai bien hérité mon sort.
- Vous qui volez pour ne point rendre,
Si je vous avais imité,
Au lieu d’aller me faire pendre,
L'on m’aurait aussi décoré. »