On dit qu’un jour, un jeune chat,
Pour la première fois, ayant quitté sa mère.
De loin, vit un énorme rat
Qui venait pour manger le lard de la fermière.
Le chat s’empresse d’accourir.
Croyant pouvoir sans trop de peine
Pour celui qui vient voler ainsi sans gêne.
Mais hélas ! le voleur qui l’attend sans frémir
Lui dit en ricanant : « j’admire ton courage.
Car enfin, après tout, lu n’es qu’un polit chat !
Sache que tes pareils, quand ils sont en bas âge.
N’ont pas beau jeu, l’ami, d’attaquer un vieux rat. »
Après ce quelques mots, la bataille commence
Et ne dure pas fort longtemps,
Car le chat n’avait pas donné deux coups de dents
Qu’il s’était fait trouer la panse.
Souvent les jeunes gens sont trop présomptueux;
Rien ne leur semble insurmontable :
Tel peut marcher à peine et fait le glorieux,
Aussi lui survient-il comme au rat de ma fable
De se trouver bientôt dans un état piteux!