O mortel ! pour chercher, renonce à ta routine,
Par quels décrets divins notre monde chemine ;
Et borne ton esprit qui prétend, mais en vain,
Deviner les secrets que Dieu seul tient en main.
Le moment actuel te tient dans l'ignorance,
Sur ce qui s'est passé. Tu crois avair la science,
De connaitre déjà les coups de l'avenir,
Mais inutilement tu veux l'approfondir.
Dans ses commandements la Providence est juste,
Et si tu peux l'ignorer tu n’es pas un Procuste ;
Et voulais-tu savair le fond de chaque arrêt,
Il faudrait que de Dieu tu eusses le secret.
Respecte les desseins, réfléchis bien, honore,
Ce que ton faible esprit ne comprend pas encore ;
Laisse-toi raconter ; ce qui parait cruel,
Souvent n’est qu’un forfait que répare le ciel.
A côté du Seigneur assis sur la montagne,
Moise un jour voyant admirable campagne :
Ne pouvait approuver la bonté du ressort,
Que Dieu dans ses conseils réserve à notre sort.
L'ordre lui fut donné d’observer la fontaine,
Vers laquelle un soldat arrivait hors d’haleine ;
Descendre de cheval pour se désaltérer,
Il étanche sa soif et part pour guerroyer.
Mais A peine parti qu'un garçon à la course,
Arrive en haletant boire à la même source ;
Et trouve un sac d'argent perdu par le soldat,
Il le ramasse et court cacher son péculat.
Vient alors un vieillard, appuyé sur sa canne ;
Pour faire usage aussi de cette eau diaphane ;
Morphée qui l’aperçoit prend pitié de son sort ;
Fatigué de la route il s'ascoit et s’endort.
Le cavalier revient tout rouge de colère,
Et tirant du fourreau sa terrible rapière,
Il ordonne au vieillard de rendre son argent,
Qu’il avait déposé il n’y a qu'un instant.
De n'avair rien trouvé le bon homme assure,
Il demande pardon ; le soldat crie et jure,
Furieux, emporté, il lui perce le flanc ;
Le malheureux vieillard est noyé dans son sang.

Moïse consterné tombe la face à terre,
Mais une voix lui dit : Réveille-toi, infère,
Si dans ce monde ingrat, ce qui parait cruel,
N’est pas un châtiment qu’inflige l'Eternel.
Apprends que le vieillard qui maintenant rend l'âme,
Qui te semblait si bon, est le voleur infime ;
L’exécrable assassin du père de l'enfant,
Qui frustré de son bien trouva le sac d'argent.





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