Un Ours étant contraint de danser à la chaine,
« Pour un morceau de pain se donner tant de peine ; »
Dit-il, et s'échappa rejoindre le genêt,
Surprendre ses amis au coin de la forêt.
Qui l'embrassèrent tous avec autant d’adresse,
Que pas un coup de dent n’effleura leur tendresse ;
Et l'écho répétait la nouvelle du jour,
Que le grand voyageur revenait de Saint-Flour.
L’ami Martin pour lors conta ses aventures,
Les grands talents acquis par la voie des tortures,
Tout ce que l'on connait dans le pays lointain,
Le salut magistral, la danse d’Arlequin.
Et racontant ainsi son amour pour la danse,
Il se lève tout droit et sans tarder commence,
En tournant son bâton, un très-beau menuet.
L'auditoire ébahi se trouve tout muet.
Les amis de Martin revenus de l'extase,
Qu'un sentiment jaloux au même instant embrase,
Se dressent tous de bout, mais étant sans talent,
Us tombent pèle mile et l'on voit à l'instant,
Contre ce cher ami s‘ameuter la cohorte,
Qui grogne, hurle et dit, « qu’on le met à la porte,
Ce fou qui s'imagine être adroit plus que nous ;
Qu'il parte, et sil revient il recevra des coups. »

Sois sot ! et tu seras bien sage,
A nul tu ne feras envie,
Chacun dira, c'est mon image,
Autant que lui j'ai du génie.
Il est vrai toujours l'on commence,
De parler bien de tes talents ;
Mais l'amour-propre est en balance,
Et ne pardonne pas longtemps.





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