Dans les beaux jours de l’été,
Un petit moineau volage,
Tout boufsi de vanité,
Insultoit à l’esclavage
D’un serin né dans la cage.
O charmante liberté!
Disoit-il en son ramage:
Au sein des airs je voyage ;
Je dors couvert d’un feuillage,
Je folâtre sous l’ombrage.
Là, sur des grains je fourage ;
Ici, je trouve un rivage,
Où sur un sable argenté
L’eau coule en sa pureté;
J’y bois avec volupté.
Après ce grand étalage,
Il va d’un autre côté.
Le serin, en oiseau sage,
Ne l’avait pas écouté.
L’hiver, tout change de face ;
La beauté des Cieux s’efface :
Rien dans les champs ; l’eau se glace :
Aux oiseaux on fait la chasse.
Le moineau revint enfin,
Transi, demi – mort de faim,
Prier pour qu’on lui donne place
Dans la cage du serin.
En tout temps pleine de grain,
Le serin, à son tour, le fronde,
Et lui dit avec équité :
Gentil moineau, qui cours le monde,
Tu reviens bien gras de la ronde !
Vois, par ce qu’il t’en a coûté,
Qu’une liberté vagabonde
Vaut beaucoup moins, tout bien compté,
Qu’une douce captivité.