Le Vipère et l'Abeille Louis Auguste Bourguin (1800 - 1880)

La perfide vipère et l’abeille paisible
Au suc des mêmes fleurs puisent, chaque matin;
Mais, suivant leur instinct bienfaisant ou nuisible,
L’une en tire du miel, et l'autre du venin.
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Tels on voit des talents ou des dons du-génie
L’an faire un bon emploi , autre un coupable abus:
L’esprit que l'on distille en noire calomnie,
L'autre en fait le parfum. de ses douces vertus,

Aux poisons de l’envie et de la médisance,
De ton cœur, jeune ami, ferme à jamais l’accès,
Ne puise que du miel aux fleurs de la science;
Et du railleur cruel fuis les honteux succès.

Livre I, Fable 17, 1856